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CRESSY ACTUALITES
23 avril 2016

CONTE: HECTOR, LE COQ DE CRESSY

Publié le 24 août 2007 par taalou76

Saviez-vous qu'un conte a été écrit sur un coq de Cressy? Eh bien, rien que pour le plaisir, le voici:
"Hector avait pris la sale manie de se pavaner dans les rues de Cressy. Il regardait les gens de haut: il méprisait ces sots d'humains. Depuis que la fermière lui avait dit qu'il avait le plus beau plumage de tout le pays de Bray, Hector était devenu vaniteux, insupportable. 
Les coqs ont bien de la chance d'avoir un si beau plumage alors que celui des poules est si terne, si fade.
Les poules passaient leur temps à l'admirer, à le suivre, à chacun de ses pas. Hector traversait Cressy, toute la journée, de long en large, avec sa cour de poules. Le maire du village avait été obligé de mettre des pancartes spéciales "passage de coq", afin de faire ralentir les voitures. Les automobilistes n'étaient pas tous conciliants. Certains peu patients aueraient aimé lui voler dans les plumes, le voir finir en coq au vin.
La fermière quant à elle, raffolait d'Hector. Elle en était si fière! Le dimanche, elle l'emmenait faire les concours de beauté pour volatiles. Ce n'est pas ainsi qu'Hector apprit à devenir humble, bien au contraire. Il était imbu de lui-même, insupportable, il se vantait, il se pavanait.
A force de le voir admirer son reflet dans chaque flaque d'eau, les poules se lassèrent. L'une après l'autre, elles le quittèrent pour le coq du voisin. Certes, il était boiteux, il était vieux, il louchait, mais il était si gentil, si respectueux des "femmes". Et il avait une grande qualité qu'Hector n'avait pas: la modestie.
Jamais Hector ne fut en mesure de comprendre pourquoi ces stupides poules l'avaient laissé pour rejoindre ce va nu-pied. Pour lui, les femelles ne valaient pas la peine du moindre regard, elles n'auraient dû lui donner que de l'admiration, de la dévotion, le servir, lui apporter des vers de terre tout frais, encore vivants.
Dès ce moment là, Hector dépassa les bornes quand il jugea que tous devaient l'aduler, y compris les humains, de jour comme de nuit. Il poussait des cocoricos tonitruants pour tenir en éveil les habitants de Cressy. Il s'égosillait du matin jusqu'au soir et même durant la nuit. S'il n'avait pas eu son content d'hommages dans la journée, il menait à tous "une vie de patachon".
Les Cressois étaient épuisés. Tous avaient les yeux cernés. Les femmes pleuraient. Les enfants ne se concentraient plus à l'école. Pire que tout: la fermière trouvait qu'Hector avait une jolie voix, au timbre léger mais puissant. Il est vrai que sa voix était puissante, cependant il n'avait aucun talent mélodique.
La fermière concéda aux habitants de Cressy qu'il avait besoin de quelques leçons de chant. Dès ce moment, un maître de chant le prit en charge pour lui apprendre les rudiments du solfège, ainsi qu'à faire des vocalises. Malgré tous les efforts du maestro, Hector chantait faux, une vrai casserole. Malheureusement, il n'y avait que lui et sa maîtresse pour ne pas s'en rendre compte. C'est beau l'innocence!
Hector voulait que tout tourne, fonctionne selon son bon vouloir. A force de l'entendre "braire" tout le jour et la nuit, les nuages se fâchèrent. Ils prirent une couleur sombre, ils cachèrent le soleil. Le soleil était d'accord avec les nuages et c'est lui qui régla le problème. Il envoya sur Hector des éclairs. L'un d'eux foudroya Hector de plein fouet. Il tressauta et s'immobilisa. Ses couleurs chatoyantes avaient disparu pour une autre qui étincelait à la lumière du soleil. Les nuages s'étaient apaisés, et le soleil brillait de mille feux.
Hector avait été transformé en coq de cuivre. Le maire décida de le mettre en haut du clocher de l'église, avec une girouette. Hector, qui durant sa vie, avait toujours fait ce qu'il voulait, devait se soumettre à la loi du vent. Mais sa petite cervelle fonctionnait toujours. Pendant un temps, il pesta contre la situation, et finalement, il jugea qu'il était bien là-haut. Il pensait qu'ainsi il dominait le monde, et que c'est lui qui faisait la pluie et le beau temps. Jamais on ne pourrait rien retirer de bon d'Hector. Et pourtant le soleil et les nuages étaient disposés à lui rendre sa forme originelle à condition qu'il devienne humble.
Si un jour Hector n'est plus sur le clocher de l'église de Cressy, c'est qu'il aura enfin compris ce qu'est l'humilité et la modestie."
Texte signé Bénédicte Mouchard

 

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